Sur une plaine dévastée, où même la vie renonce désormais à reprendre ses droits, gisait par dizaines une marée de corps déchiquetés et mutilés, échoués en ce lieu de perdition... Un silence glacial régnait en maître sur cette étendue funeste de têtes et de corps auxquels n’étaient rattachés ni bras ni jambes... De temps à autre une brise légère et gelée soufflait doucement sur le sol jonché de cadavres encore tièdes, et colportait parfois dans son sillage quelque étrange et lugubre complainte. Comme si les morts continuaient à gémir et clamer leur douleur et leur souffrance après leur trépas…
Et leurs cris, leurs souffrances, leurs supplications peu à peu formèrent un funeste brouhaha qui d’abord semblable à un grognement sourd et tacite, devint ensuite une mélopée poignante qui montait inexorablement en un déchirant crescendo. Chaque image, chaque fragment ou partie anatomique laissé choir sur le sol noirci et cendreux assaillait l’esprit de milles visions d’horreur et de tourmente, tandis que leur complainte se faisait encore et toujours entendre en un lancinant et perturbant refrain. C’est un air maudit, une mélodie funeste qui empoisonne l’esprit des vivants avec la souffrance et la peine de ceux qui sont morts.
Les crânes décharnés hurlèrent à leur tour, accompagnant les nouveaux morts dans un ballet sinistre et inquiétant. Et leur sombre symphonie bientôt résonna dans toute la plaine, reprise de toute part pas les innombrables dépouilles anciennes et oubliées qui forment le sol de cet endroit. Ce chant se répandit comme une maladie, torturant sur son chemin les âmes de ceux qui eurent le malheur de l’entendre.. Les morts chantent et supplient ainsi la fin de leurs tourments, ils souhaiteraient mourir encore une fois, pour que la souffrance cesse. Mais jamais celle ci ne s’éteindra, cette flamme noire qui les brûle chaque jour, chaque minute, est éternelle… ses flammèches caresseront et tourmenteront les morts jusqu’à la fin des temps.
Ni Salut ni Rédemption, il est trop tard désormais, pour les morts comme pour les vivants, il est toujours trop tard. Ainsi va la vie, ainsi va la mort, ainsi va la damnation…
Sur un air de "Adajio" - ERA ©
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Mer 8 Avr - 10:41 par 
Sujet: Le chant des Morts.. 
