Chapitre XVI : L'histoire du Maso en Haso..

 
 
 
 
Ephéria...
 
 
 
 
 
 
Cela fait plusieurs jours que j'ai repris l'exercice. Enfin l'exercice martial, parce que Aithe mine de rien me fait travailler l'endurance. Non là je parle de réapprendre à se démerder avec une arme à la mains, pas juste se balader avec un sabre à la ceinture pour impressionner les filles. La dernière expédition m'a fait ouvrir les yeux. Le métier de transporteur est plus dangereux qu'il n'y paraît. On a eu de la chance, on aurait pu se faire tirer comme des lapins par les centaures au pied du désert. J'ai pris une flèche dans la jambe, ça aurait pu être pire, vraiment. Et Aithe aurait pu.. Je préfère pas y penser.
C'est pour ça que je veux me remettre à niveau histoire que les trajets se passent bien. Et puis je sais ce qui m'attend là bas. Autant que je sois prêt, parce que je pense que je vais dérouiller sévèrement. Donc me voilà au bord de la plage à m'entraîner tous les soirs. Kae' m'a prêté une arme le temps qu'elle en fabrique de meilleures. J'aime bien cette épée à deux mains. Son poids est aberrant, mais c'est intéressant. Et jouissif aussi. Non mais t'as vu la taille de l'arme ? D'quoi faire fermer des gueules sans tirer le fer au clair. En plus le poids et l'équilibre font que je force deux fois plus, du coup c'est très formateur.
 
Mais je sais que je vais surtout y ramasser sévèrement là-bas. En attendant, c'est pas déplaisant de retravailler la voie de l'acier. Ça rappelle quelques souvenirs. C'est simple. Une arme, un bonhomme. Découper l'autre bonhomme en face ou crever. Simple. Les choses futiles s'effacent pour ne laisser place qu'à l'essentiel. Si j'avais su j'aurais fait ça bien plus tôt, au lieu de.. Et voilà bordel. Ça recommence. EN plein entraînement ma main se met à trembler. Ça fait même pas 12h depuis le dernier verre, du cidre en plus. L'autre jour j'ai tenu un peu plus de 16h mais après voir bu du rhum. Putain de corps qui déconne. J'dois rester lucide, mais si je le reste trop j'suis incapable de tenir une lame. Or je dois pouvoir en être capable, c'est vital.
J'avais bien besoin de ça en plus à jongler en prime du reste. J'vous jure des fois emprunter ce sentier là c'est pas une partie de plaisir. Vraiment pas. Mais je me le suis promis autant qu'à elle et l'homme que je voudrais devenir tiendra ses promesses, lui.
 
Enfin bon aller au bout du monde chercher son honneur.. Quel connard je fais des fois..














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L'Océan..
 
 
 
 
 
Quel bonheur de naviguer en haute mer, enfin. D'avoir un vrai navire qui file comme le vent. Je pensais ces sensations à jamais perdues et pourtant elles me revenaient instinctivement au faire et à mesure que la brise faisait gonfler les voiles. C'est à la fois inespéré et étrange. Mais c'est peut-être ainsi que vont les affaires. Ce cadeau presque incongru tombait à pic et le fait de pouvoir jouir gratuitement de ce navire en parfait état sans n'avoir rien d'autre à débourser que laisser ) sa propriétaire l'usufruit des gemmes que nous aurions négociées là bas.Bref c'est tout bénef pour Aithe et moi, et on avait justement beaucoup d'affaires courantes à régler là bas. Surtout moi.
J'ai estimé le trajet à plusieurs jours rien que pour l'aller si le vent est bon et si on ne dévie pas du cap. Après il y a les imprévus et les mauvaises rencontres. Je comptais opérer un large contournement pour éviter au maximum les pirates mais je me dis qu'au final ce sont bien du menu fretin.
 
 
Ce que je redoute plus sur le trajet, c'est toutes les saloperies de bestioles marines qui prennent les navires qu'elles croisent pour des jouets, ou des doudous. Beaucoup d'honnêtes marins et de bons capitaines ont vu leur dernier voyage entre les crocs de ces enculés. Il y a beaucoup d'histoires et de légendes qui circulent parmi les marins sur ces créatures que l'on croise hélas en mer. Certains affirment avoir vu des créatures éventrer un navire marchand d'une charge, d'autres que des navires légers ont réussi à passer... Il est vrai que ce qui revient le plus souvent consiste à mettre le plus de distance entre ces engeance et son navire. Je pense que c'est là le meilleur conseil que l'on peut donner à quiconque désire s'y aventurer.
Quand nous sommes enfin rentrés dans Margoria, nous avons été accueillis non par par ces monstres, mais par des monceaux de navires qui flottaient comme autant de membres arrachés aux victimes qu'on aurait laissé pourrir dans un vaste charnier. Là ça te donne tout de suite le ton. Quand je dis souvent que l'océan rigole pas. L'océan i la pas le temps il te bouffe tout cru et chie tes os sur la plage la plus proche si tu es pas assez prudent ou malin ou assez fort pour y survivre.
 
Arriver à destination serait déjà un très bon test, tout comme en revenir. Quelque part, au fond de moi je regrettais presque ces putains de centaures. Cela faisait déjà plusieurs jours que nous avions pris la mer quand soudain l'un des marins est passé par dessus bord... J'ai pas eu le temps de l'insulter, de le traiter de connard qu'il avait déjà fait "plouf". On était bien lancés, l'eau grouillait de bestioles qui étaient pas contre un encas, même si celui ci sentait le rhum. En plus je le connaissais à peine ce con là.  Sauf qu'on avait pas non plus foule niveau équipage et qu'une tête de moins serait très pénalisant pour la suite. Ça parait logique jusque là.
Là où ça l'est beaucoup moins, c'est pourquoi j'ai sauté dans l'eau...?















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L'océan...
 
 
 
 
Connard de marin. Ce seront peut-être mes dernières pensées, c'est con si je crève de pas finir sur un truc un peu plus noble, penser je sais pas moi à Aithe, à Maman, ou à Kae par rapports à mes regrets tout ça. Non là sur le moment j'ai qu'une envie c'est noyer cet enculé qui est tombé à l'eau. Je me focalise sur cet abruti pour pas penser aux milliers de dents acérées qui vont p'tet me déchiqueter d'ici une seconde à l'autre. Je fais tout pour pas y penser et je nage comme un damné vers ce connard. J'ai pas envie de crever bouffé par une espèce de monstre. Vraiment pas. Surtout pas maintenant que ma vie me paraît plaisante et beaucoup moins merdique.
J'entends Aithe gueuler des ordres sur le navire. Je reconnaîtrai sa voix dans n'importe quelle situation, même parmi les ténèbres les plus épais. C 'est mon Phare dans le chaos qu'était ma vie. Putain Aithe.. Sur le moment je donnerai tout pour la revoir, la serrer une fois rien qu'une fois.. et la culbuter encore une dernière fois. Bah quit à partir autant partir reput.
 
 
Je rattrape le marin assez rapidement et je gueule tout ce qui me reste d'air pour que les autres troufions me remontent. Putain que j'ai eu la bonne idée de m'encorder pour être ramené à bord. Pendant une éternité, ils nous tractent à bord. Je te jure que quand tu te demandes si quelque chose va pas venir te bouffer les pieds par en bas, sans le voir venir, c'est long. Vraiment très long. J'ai bien cru que j'allais chier dans mes brailles.
Mais finalement on est remontés à bord, sains et saufs. Aithe avait ordonné que les gars tiennent en joug toute bestiole qui se seraient approchée et les canons étaient prêts à défourailler. Impressionné. Non sans rire elle avait tout mis en branle avec rapidité et efficacité. Je le dis honnêtement le fait qu'elle joue avec ma queue régulièrement n'entame presque en rien mon objectivité.
 
 
Bref me voilà de retour sur le pont et après avoir copieusement insulté mon naufragé et remis les autres au plis pour qu'ils reprennent la marche, je file me changer dans ma cabine. A peine je fous un pied dedans que je me mange une grosse gifle dans la poire. Aithe était là, comme une lionne en cage. La douleur a même pas eu le temps de monter à la tête qu'elle m'avoine déjà de plein de reproches de remontrances etc. Bref elle m'engueule bien proprement mais en fait je comprends que ce qui la met mal c'est que j'ai plongé et qu'elle s'est rongée les sangs pour moi.
Elle arrive pas à le dire, mais elle le montre. Elle m'aime la bourrique. Elle tremble de trouille, mais elle l'aime son capi'. Et ça, ben ça vaut bien le coup d'aller risquer son cul dans une eau dangereuse... Mais p'tet pas tous les jours non plus hin. J'essaye de la rassurer et tout mais bon elle est pas loin de la crise. Et puis comme ça comme une envie de chier, elle m' embrasse. A n'y rien comprendre vraiment les bonnes femmes. Et puis après elle l'a récompensé son héros.. bien comme y faut..
 
C'est bien la première fois que la récompense pour faire quelque chose de bien est aussi plaisante. Putain si ça avait commencé par ça, j'suis sur que y aurait plus de vocations et que ce monde serait un poil meilleur. Non sans déconner, à chaque fois que j'ai voulu m'amender ou faire un choix "noble".. la vie m'a chié dessus.
Et là.. j'ai eu une gâterie. Faut pas s'étonner que y ait autant de connards sur ce monde si faut s'être fait chier dessus plein de fois pour une ptite pire bordel..!
 
 
 





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Port Ratt..
 
 
 
 
 
Terre ! Enfin après tous ces jours en mer on arrivait au but. Et j'espérais pour moi que ça allait pas être un terminus. Sur le voyage on pouait dire globalement que tout s'était bien passé. Peu de mauvaises rencontres ou du moins rien d'impossible à régler à coup de canons. Nous allions arriver à destination et le plus gros du boulot de cette expédition allait devoir être fourni si tôt qu'on mettrait pied à terre.
J'ai voulu expédier les choses les plus triviales en premier. Refaire le plein pour le voyage de retour, réparer si besoin le navire. J'ai confié à Aithe le plus gros du travail de négoce j'ai entièrement confiance en elle. Prétextant que j'allais m'occuper des pierres pour notre cliente et mécène, j'suis allé négocier tout autre chose. Je me suis bien sur occupé des pierres, mais ce que je cherchais, c'était surtout une personne pouvant me rencarder sur le clan Yumao.
 
 
J'ai essuyé pas mal d'echecs et j'ai reçu pas mal de réactions suspicieuses, mais à force de persévérer j'suis tombé sur un vieux qui semblait moins fermé à la discussion. Du moins il m'a pas envoyé chier. Mais il a jamais voulu me dire comment les contacter et les joindre c'te vieux fou. Alors j'lui ai sorti ma lame, celle que Kae m'a forgé pour le voyage. Là il a changé de gueule le vieux. J'ai cru qu'il allait crever tellement il était blanc.
Mais il a rien dit l'enculé. Au lieu de ça il a marmonné un truc à l'un de ses fils et je l'ai plus revu. Après ça le vieux a plus voulu rien me dire. Résigné j'suis rentré au bateau. La bonne nouvelle, c'est qu'au retour, Aithe avait prévu une petite soirée "locale". Elle s'était apprêtée, avait trouvé de la bouffe du coin. Ca m'a rappelé notre voyage dans le désert, jusqu'à cet oasis où sous la tente on avait mangé, bu et baisé jusqu'à l'aube. D'ailleurs c'est un peu ce qui s'est passé là. Normal après tout, j'aurais été un gougeât de pas répondre positivement à ses efforts quand même.
 
 
Bref après cette délicieuse soirée tout comme j'aime, voici que les gars d'équipage viennent me réveiller de bonne heure, mais bien trop tôt pour que je sois de bonne humeur. Je m'apprêtais à les châtier verbalement et les pourrir comme il se doit avant d'aller ronfler sur le cul blanc de ma compagne, quand soudain un bonhomme vire de lui même les marins de mon navire et se plante devant moi. Le type était pas d'Haso ça se voyait, mais il s'habillait comme eux. Il m'a regardé avec je dirai un mélange de haine et de mépris froid. Je suis à peu près certain qu'il pouvait pas m'encadrer.
Il a jeté un œil vers le fond de la cabine où Aithe roupillait encore, a plissé le nez et là c'est moi qui rêvait de lui en coller une en travers du visage. Il a du le voir car il est revenu à moi. Il a ensuite désigné la lame qui était dans mon baudrier sur la table la plus proche et m'a dit :
 
"Je suis Mamorhu Yuzhen, protecteur du Clan Yumao. Où avez vous eu cette lame qui a sans nul doute été forgée par un des membres du clan Yumao ?"
 
Là j'ai à peine pu prononcer le mot "Kae" que sans que j'y comprenne rien le mec il m'avait collé au mur et soulevé du sol. L'enfoiré avait même collé un coup de tatane dans la gueule au marin qui a voulu m'aider. Aithe, elle ronflait et grommelait de fermer ma gueule dans son sommeil. Faut dire qu'elle avait ramassée la veille mais bon sur le moment.. Le gars avait perdu toute retenue et là dans ses yeux, j'y voyais de la haine, de la haine méchante..
 
"Comment oses tu prononcer le nom de la Princesse ? Où est-elle chien ? Que lui as tu fait..?"
Là j'ai l'intuition que si je lui raconte mes déboires avec Kae, j'vais passer un sale quart d'heure. J'préfère lui faire entendre comme quoi on est amis. Et quand je lui parle de Kae, je vois une autre lueur. Une lueur que je connais, que j'ai appris à craindre. Ouais.. c'est bien ça. C'est de l'Amour.
Et merde....
 






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Port Ratt..
 
 
 
 
 
Bon. Je sais je le dis souvent, mais là j'suis dans la merde, ouais encore. Le type a l'air sérieux et la lueur qu'il a dans les yeux me rassure pas, mais alors pas du tout. Je sens que si je foire mon coup j'vais dérouiller sévère. Je commence donc à le baratiner. Le baratin c'est mon dada j'ai l'habitude en affaires. Non sans rire, j'arriverai à vendre un vélo à un cul de jattes j'suis sur. Mais là le bonhomme je sens que ça va être tendu pour le faire redescendre. Si mon intuition est bonne, si comme je le pense y a de l'affect derrière ses réactions, ça passe ou ça casse. J'essaye donc de l'amadouer et de gagner du temps. Ce que je crains c'est qu'un type d'équipage ou pire Aithe s'en mêle et que ça parte en baston générale. J'ai pas envie qu'Aithe s'en prenne une.
Je cause calmement j'essaye de garder le contact visuel avec le type. Au bout d'un moment il me lâche et me redescend sur le sol. Déjà un premier pas positif. Je temporise je lui explique que je suis venu chercher de l'aide pour Kae, et là je sens qu'il est à deux doigts de s 'emporter. Il doit sacrément y tenir pour réagir comme ça. Du coup, au fond de moi j'suis jaloux, un peu. Je devrais pas hin, mais bon c'est encore tout frais. Du coup je sais que je le déteste ce connard.
 
 
Il devient vachement insistant et la crainte que j'avais en étant collé au mur s'estompe peu à peu. Là je sens mes vieux démons qui commencent à me chanter une douce mélopée à l'oreille. Ca donnait un truc du genre : "Casseuh lui sa gueule de riz, balanceuh les restes à bâbord, on verra qui le dernier sourit , quand tu seras mort-euhh''.  Et ca devient de plus en plus tentant. J'ai beau avoir ma raison qui tente de claironner comme quoi il est le motif pour lequel je suis venu jusqu'ici, j'ai envie de lui matraquer sa p'tite gueule de con que c'en est presque pulsionnel.
Et là d'un coup, je cède j'empoigne l'épée sur la table et je commence à trancher dans le vif. Sauf que putain le gars il m’esquive coups sur coups. Pas grave, je chope tout ce que j'ai à portée et je commence à lui avoiner la gueule avec et quand ça commence à bien l’emmerder j'y envoie un grand coup d'épée dans le bide. Et en fait non. Avec ses poings gantelés il a cogné dans la lame ; une lame Yumao s'il vou plait quoi ! Et ben la lame il l'a explosée. Et après ça a été le tour de ma gueule. L'avantage c'est que ça a été tout noir rapidement.
 
 
Je me suis réveillé, on avait levé l'ancre et on partait. Et l'autre connard était à bord. Mission accomplie... Une chance qu'on ait eu le temps de boucler nos affaires commerciales avant. Mais j'ai sacrément mal partout, pourtant je sens ma conscience s'apaiser un peu et me foutre la paix et c'est pas à cause de l'alcool. Mais bordel que ça fait mal de faire ce qu'il faut.. Oh putain..
 
 






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