Chapitre XX : Avoir la corde aux couilles et savoir les poser sur la table..

Valencia...
 
 
 
 
 
Le soleil était déjà pas levé que ça faisait une chaleur à suer comme un porc sur une broche. Aithe roupillai collée contre moi et même si sa chaleur ajoutée à la mienne était presque insupportable j'avais pas le cœur de la virer. J'l'ai dans la peau c'est comme ça. Je l'ai tellement dans la peau qu'après l'histoire de l'elfe Llianne, j'l'ai épousée sur mon navire. Ça m'a pris comme une envie de chier, quoique ça faisait un moment que l'idée me trottait dans la tête. J'étais vivant, j'avais survécu à l'autre pute réanimatrice de Horitis, je voulais célébrer ça en l'épousant. Et comme dans le fond je reste un petit merdeux qui fait que ce qu'il veut, j'l'ai épousée. Et je regrette pas...
Même si une sacré page s'est tournée il en reste une coriace à venir. Pour aider Fhalaine et les autres j'ai accepté de me salir les mains auprès du Dandy en allant lui chercher une cargaison humaine à Valencia. Si tu savais à quel point ça me fait mal au cul. Déjà parce que moi l'esclavagisme j'ai jamais été un partisan pur et dur de cette merde, j'aime trop ma liberté et ça me ferait chier qu'on me l 'enlève. Ensuite parce que c'est pas quelque chose de légal là bas ni très bien vu et que je me suis toujours refusé à tremper dans ces merdes là. J'compte vivre heureux, et longtemps. J'ai toujours dit que les marchés illégaux avaient la fâcheuse tendance à faire raccourcir les têtes et les vies. Et le pire de tout c'est que ce marché au final en valait pas la peine puisque les informations reçues en retour étaient merdiques...
 
 
Mais j'avais signé. Donc je devais aller à Valencia. Ce qui y a de bien avec les types plein de frics, c'est qu'ils sont tellement imbus de leur propre pouvoir et tellement éblouis par leur égo et leur éducation qu'ils en sous-estiment les petites merdes issues du caniveau comme moi. Déjà son contrat comportait plein de failles où rien ne précisait les contre parties en cas d'échec ou d'incapacité à effectuer la livraison. Et dans ce cas là omission fait foi et loi. De plus j'ai réussi à le signer en mon nom, pas en celui de D.T.C. ce qui fait que j'étais pas obligé d'appliquer la clause qui stipule qu'on rembourse la casse. Quand j'y repense j'en suis presque vexé. Il m'a vraiment pris pour un jambon l'autre.
Mais même si sur papier c'était clair il fallait encore extirper ces esclaves à leur triste sort. Déjà les Valenciens ont beau être un peuple éclairé et très cultivés, ils ont pas de nature à ouvrir leurs bras aux étrangers comme ça, que ce soit pour le commerce ou bien dénoncer un trafic d'esclaves. Fort heureusement durant mes péripéties j'avais croisé Falkynn à Tarif. Une femme comme je les aime, belle et dangereuse. Non contente d'être à la tête d'une troupe armée elle était noble en Valencia et a su me renseigner précieusement sur la méthode à appliquer une fois là bas.
 
 
Elle serait fière de moi je pense. J'ai non seulement appliqué ses méthodes mais grâce à mes p'tits loups on l'a améliorée. Mes p'tits loups c'est Nolwy et son Rhazar ainsi qu'une étrange copine à eux nommée Nyrnx. Étrange mais futée la gosse. Non content de me mettre bien vis à vis de la populace locale elle a eu la bonne idée d'assurer nos culs du côté des gens moins fréquentables à Valencia même. C'est comme ça que mes loulous se sont mêlés à la populace faisant naître çà et là des rumeurs à divers endroits. Et quand la pègre locale en a eu assez d'entendre toujours les mêmes noms revenir sur sa table, on était prêts à passer à l'action. De mon côté je démarchais nobles et gens influents pour de prime abord chercher un "parrain" en ville afin d'être introduit dans les bons cercles. Mais en sous mains je sondais mes interlocuteurs en cherchant lequel serait suffisamment intègre pour m'aider sur place localement.
Petit à petit nous disposions nos pièces sur le vaste échiquier qu'était la cité. Les rumeurs et bruits comme quoi un certain établissement attendait qu'on vienne charger une précieuse livraison parvint aussi bien aux oreilles de la garde Katane que de la pègre qui vit d'un mauvais œil d'être ainsi exposée dans ses affaires. Tu m'étonnes.. Quand on sait qu'un forgeron s'est fait exécuter une fois pour avoir arnaquer ses clients..alors des esclavagistes imagine ce qu'ils doivent prendre..
 
 
J'ai la trouille et pas mal d'appréhension mais je suis confiant sur le principe, notre plan est chiadé. Mais bon ça m'empêche pas d'avoir une envie de chier cataclysmique sur le trajet tu vois. On se rend au oint de rendez-vous comme stipulé dans les instructions du commanditaire jusqu'à la périphérie de la cité. Étrange, y avait pas un rat, on aurait cru que toute la vie avait déserté ce coin là. Tu parles.. On se présente et on montre la lettre en guise de preuve de nos identités pour qu'enfin on nous autorise à rentrer. Et là tu comprends pourquoi le quartier est calme comme un cimetière. A l'intérieur de l'établissement ça grouille de gueules cassées et de malfrats probablement payés à défourailler sur le premier trouble fête qui se pointe ici. Pragmatique l'esclavagiste je lui reconnais bien ça.
Mais je m’apitoierai pas sur son sort à cet enculé car il était foutu d'entrée de jeu. D'abord nous on voulait sa peau.. parce qu'avant tout c'est un sale connard et secundo parce que s'il venait à trop l'ouvrir il pourrait nous mettre dans l'embarras. Et personnellement j'en ai assez bavé avec ces conneries là. Ensuite y avait la Pègre qui devait en avoir plein le cul d'entendre parler sans cesse de ce type depuis plus d'une semaine et qui du coup mettait leurs affaires en lumière. Enfin la Garde Katane qui je pense avait pas prévu de faire dans la clémence avec un trafiquant de viande humaine surtout que la viande était Valencienne...
 
 





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Valencia..
 
 
 
 
 
Tout était prêt, résumons les opérations. Au fond de l'établissement y a 5 jeunes Valenciennes qui attendent d'être revendues loin de chez elle, le tout gardé par une bande de gros connards appelés en renforts par notre contact Jamhraz . Bref lui et ses copines sont sagement retranchés à l'intérieur et personne peut prendre l'établissement de force sans être passé au fil de l'épée. Heureusement on en a pas besoin parce qu'on a une lettre et une invitation. On la leur montre avec Rhazar et ils nous font entrer. Là on voit bien que c'est tendu comme ambiance, les types sont pas commodes et du genre à découper puis poser les questions après. Remarque j'aurais mal imaginé tomber sur des philosophes et des altruistes ici bas... Jamhraz nous montre les filles qui sont terrorisées les pauvres, t'imagines bien. Rhazar joue le rôle de l'acolyte et observe leurs dents et si elles vont bien. J'dis aux mecs en face que j'veux pas d'emmerdes si elles arrivent abîmées et qu'elles l'étaient déjà à réception du chargement.
Pendant ce temps là les filles nous attendent dehors. Aithe, Nyrnx et Nolwenn. Et là elles voient que ça bouge dans les recoins. D'abord la Garde Katane qui commence à prendre position. En même temps on les avait invités... Tu te rappelles pas ?
 
 
A notre arrivée à Valencia on s'est dégottés une base de replis à savoir donc des bureaux pour interagir localement avec le commerce. A partir de là on a cherché avec Aithe des oreilles attentives pour notre soucis d'esclaves tout en prenant soin de ne pas aller tout déballer au premier complice venu, car pour peu que ces enfoirées bossent en réseau, à la première alerte. C'était les conseils de dame Falkynn. Quoi tu ne t'en rappelles plus ? Mais si on la croisé à Tarif chez les Kelevra. A elle seule elle réchauffait l'atmosphère si tu vois ce que je veux dire. Ahh cette Lionne, si j'avais pas mon Aithe je me serais risqué à la courtiser.. tout en ne sachant pas si ses amants survivent à une nuit dans ses filets. Bref une femme comme je les aimais avant mon mariage ; à la fois belle et dangereuse.
Donc je disais qu'on commençait gentiment à se mettre des gens bien placés dans la poche, tout en prudence et en relations publiques. Vas y que je t'invite à boire un coup à la maison, qu'on parle bout de gras si je m'installe qu'on se promet aide mutuelle etc à grands coup de verres de vin et de sourire enjoleurs via Aithe. Bref ça a marché et la Garde Katane a fini par enfin nous écouter et a même semblé intéressée par notre plan. Mais plan pas complet encore.
 
 
On sort de l'établissement avec les filles, Jamhraz et deux de ses molosses pour charger les nenettes dans la carriole. Une fois arrivés à la charrette les filles me disent que "tout le monde est là". Et là j'en déduis qu'on est bel et bien au milieu d'un nid de guêpes. Si j'étais sur que la garde Katane viendrait j'étais pas certains des retombées des lignes lancées côté Pègre locale. Bon ben visiblement elle s 'était déplacée pour nous. Enfin pour voir comment tout ça allait se dérouler.
Parce que voilà, on baise pas la pègre sur son terrain en lui amputant une de ses activités. Ça c'est la remarque de Nyrnx, une nouvelle tête. Et elle a pas tort. Du coup elle a proposé qu'on aille sabordé la réputation de Jamhraz auprès de ses pairs afin qu'ils n'aient aucun scrupules à le laisser se faire décapiter.
Du coup la petite Nyrnx qui doit avoir quelques contacts un peu douteux en ville est allé voir un type avec qui elle est en affaire et a commencé à semer le doute en parlant d'esclaves en ville qu'un ou plusieurs étrangers souhaitaient faire libérer. Le bonhomme au bout de la discussion a du faire un choix, soit informé une connaissance à lui qui tremperait dans cette magouille, soit en référer à la Pègre directement et gagner ses faveurs. Il s'avère en réalité que cet ambitieux bonhomme a fait les deux. Ce qui a eu pour effet d'éveiller l'intérêt du crime organisé local et surtout de rendre Jamhraz très nerveux. D'où peut être tous ces connards à l'intérieur...
 
 
Je jette un œil à Rhazar pour voir s'il comprend l'allusion. Il la comprend. L'est pas con ce petit et j'commence à l'apprécier même s'il renifle un peu trop le cul de Nolwenn. Surtout qu'il est malin comme un singe. L'autre jour au marché il a réussi à ferrer un membre de la Pègre qui se fait appeler Ayoub l’Éventreur. Ayoub lui est tombé dessus alors qu'il commençait à poser des questions qui fâchent en ville et surtout il l'avait ferré quand il a sous entendu que certains entubaient la pègre locale. Peu après il avait lancé une fausse recherche sur une dénommée Emira qui aurait été enlevée et vendue par des marchands malhonnêtes. La sympathie des habitants pour le triste sort de cette enfant avait fait propagé la rumeur comme un feu de paille. Rhazar avait même enfoncé le clou en collant des affiches à certains endroits clefs. Je te dis pas comment ça a scié les nerfs des pontes de la pègre...
Nolwenn était pas mal non plus, elle avait fait les marchés et jouait l'entremetteuse pour un riche Calphéonien qui cherchait des produits "exotiques" et demandait discrètement à certains initiés si le dénommé Jamhraz qu'on lui avait conseillé était taillé pour ça.
 
 
La cerise revient à ma chérie, mon Aithe. Elle avait été joué l'ingénue dans une taverne remplie de gardes venus se détendre après leur service. J'te fais pas de dessins tu la connais, elle leur a fait son numéro spécial, tu sais avec les yeux qui sentent le cul et leur a parlé de tout un tas de choses et les questionné sur les délits les pires en ville. Bien évidemment elle les a gentiment amené à parler du trafic d'esclave et là à ce moment elle a repéré dans le fond un garde qui commençait à faire la tronche. Naturellement tu te doutes elle est allée le titiller. J'te passerai les détails, même moi j'veux pas savoir. Quand tu sais que seule Aithe pourrait faire rougir ma mère...
Maman je te rappelle est une ancienne putain devenue Maquerelle. Une réussite sociale sans nom, à la sueur de.. ouais j't'emmerde.
Bref elle lui a retourné le cerveau qui devait plus être bien irrigué par beaucoup de sang si tu vois c'que je veux dire. C'est con un mec et Aithe le sait. Et dès que t'es pris dans ses griffes t'es foutu, à sa merci. Sans garanti de tirer ta crampe pour autant. J'l'adore ma femme. Et donc ce Ahmal en fait jouait sur deux tableaux et quand elle a dit s'intéresser à certains trafics et qu'il lui a balancé le nom de Jamhraz, là elle lui a dit que ce nom là revenait un peu trop souvent chez les initiés et qu'elle préférait quelque chose de plus fiable. Quand il est allé moucharder ça l'autre ça a fini de sceller le sort à l'autre con.
 
 
Donc tout le monde était là et il manquait rien qu'une petite étincelle pour que ça parte en chaos complet. A peine les filles furent chargées que Nolwenn a commencé à faire avancer la carriole, pas bien vite, en attendant surement nos réactions. Sauf que là c'est la garde Katane qui a chargé dans le tas. Du coup Jamhraz et ses potes étaient tétanisés de surprise. Rhazar s'est préparé à aller à la filoche et moi j'ai planté une dague dans le dos de Jamhraz.
Après ça s'est accéléré, la Pègre a chargé aussi, une moitié sur le chariot pour buter les filles et l'autre sur Jamhraz et nous quoi. Entre temps les premiers Katan ont fini d'achever Jamhraz et ses deux sbires tandis que Rhazar et moi on tentait dé dégommer les malfrats à portée. C'était vraiment le bordel. Nyrnx a repris les rennes à Nolwenn qui a du commencé à sharckler les types qui voulaient s'accrocher au charriot. Elle y a pas été de main morte, et c'est tant mieux. Mais cela signifiait que le charriot loin, la moitié de la Pègre revenait sur nous ainsi que les mercenaires qui venaient de débouler de l'établissement.. L'merdier...
 
 
Et puis dans un grand fracas et des hurlements, on a vu notre petite Nyrnx foncer dans le tas avec la charrette. Je sais pas si c'est de la folie ou du génie, mais putain ça nous a permis de nous tirer et de donner à la garde Katane l'opportunité d'égorger les connards survivants de la pègre ou de Jamhraz. Nous on est partis à la caserne la plus proche rendre les jeunes filles aux autorités en leur racontent bien ce qui s'était passé. Ils ont proposé de l'or. J'ai dit non. J'te jure. J'suis fou des fois. Mais j'pense m'être fait une très bonne réputation sur ce coup. Et on s'en est sortis sans trop de casse ni de bobos, grâce à Nolwenn et ses copains.
Dire que ce coup de bol est arrivé parce que les précédents compagnons de route de ma p'tite nièce s'étaient tirés à la va vite et l'avaient laissé toute seule en ville. Comme quoi le destin est vraiment un truc super capricieux.
On va rester quelques jours encore histoire de consolider notre récente aura auprès des locaux et tisser d'avantage de liens amicaux et commerciaux. Déjà rien que là on s'est mis 5 familles dans la poche. La pègre s 'est débarrassée d'un gêneur qui l'emmerdait, et moi j'ai retrouvé un peu de mon honneur. J'me ferai oublier quelques temps histoire que la pègre se détourne de mes affaires et j'pense démarrer un nouveau comptoir d'ici peu.